¨Poissons du bord du Rhône

Mardi 23 mai, Alain Camard est venu nous parler des poissons d’eau douce du bassin du Rhône. Il a d’abord présenté brièvement le mode de vie des  poissons, puis leur structure, en particulier le nombre et l’emplacement des nageoires qui participent à leur déplacement dans le milieu aquatique.
Les différents poissons, classés par familles, ont tous été présentés en photographies.

L’Anguille, poisson dont la forme rappelle celle d’un serpent, est dans notre pays le seul représentant de la famille des Anguillidés. Après avoir passé la majeure partie de sa vie en eau douce, cette espèce part se reproduire en mer, précisément dans la Mer des Sargasses, une partie occidentale de l’Océan Atlantique.

La famille suivante, celle des Cyprinidés, est celle qui compte le plus grand nombre d’espèces dans nos cours d’eau. Son représentant emblématique est la Carpe, poisson qui peut atteindre un poids d’une trentaine de kilos pour une taille dépassant le mètre ! Son corps massif et puissant est recouvert de grandes écailles brunes. La Carpe se nourrit surtout de végétaux aquatiques et d’invertébrés tombés à l’eau.Un « cousin » de la Carpe, le Carassin, lui ressemble beaucoup, mais sa taille est bien plus modeste, ce poisson ne dépassant pas le poids de deux kilos…



Ce sont ensuite des poissons de petite taille qui ont été évoqués : l’Ablette et le Spirlin, qui n’excèdent guère une dizaine de centimètres de longueur. Espèces des eaux vives, très appréciées en friture !


Dans la même famille un poisson relativement semblable, mais de taille plus avantageuse (jusqu’à 30 centimètres), le Gardon aux écailles argentées et aux belles nageoires orangées, est lui aussi très recherché par les pêcheurs ; c’est un consommateur de larves et de plantes aquatiques.
Le Chevesne, autre cyprinidé, est lui plutôt carnassier : ses proies favorites sont des larves, des vers de terre et, lorsqu’il atteint une quarantaine de centimètres, de petits poissons. Son corps est revêtu de larges écailles argentées.
Nous avons parlé ensuite de deux habitants des eaux calmes : la Brème et le Rotengle.
La première, au corps très déprimé latéralement, recherche sa nourriture sur le fond de l’eau alors que le second saisit ses proies, surtout des insectes, en surface.


Citons encore une espèce qui peuple les eaux calmes : la Tanche, magnifique poisson trapu, de couleur bronze doré, aux nageoires violacées, c’est une bête puissante qui donne bien du mal au pêcheur qui a réussi à la faire « mordre » à l’hameçon !


Les courants rapides sont fréquentés par deux espèces puissantes : le Barbeau et le Hotu. Le premier, d’une belle teinte jaune doré a un corps fuselé muni de grandes nageoires. Il doit son nom aux barbillons qui entourent sa bouche. L’autre, à l’aspect plus « classique » montre une parure argentée très brillante : dans les rivières, on peut apercevoir les éclairs lumineux de ses écailles lorsqu’il se retourne au fond de l’eau claire. Ces deux espèces fouillent les galets du lit des cours d’eau pour y rechercher les larves, élément principal de leur alimentation.

Les rivières aux eaux claires et pures hébergent de petits poissons « fouilleurs de fond », délicieux en friture : les Goujons. Ils sont de taille bien modeste, une dizaine de centimètres tout au plus, mais très beaux avec leur corps tacheté aux reflets bleutés !

Nous changeons de famille avec les Percidés : l’espèce représentative est la Perche, magnifique poisson au corps verdâtre rayé de quelques grandes zébrures noires, avec de belles nageoires orange vif: la dorsale est un superbe étendard aux longs rayons épineux. Ce beau poisson qui peut atteindre, et  parfois dépasser le poids de deux kilos pour une taille de cinquante centimètres, est un redoutable prédateur : nageuse rapide la Perche se nourrit exclusivement de proies vivantes, écrevisses, crevettes d’eau douce, et surtout petits poissons.


Autre représentant de la famille des Percidés, mais de taille nettement supérieure (parfois plus d’un mètre de longueur!) : le Sandre. Prédateur exclusif, ce que trahit sa dentition impressionnante, il consomme essentiellement d’autres poissons. C’est une espèce importée d’Europe centrale au milieu du XXe siècle et il s’est parfaitement acclimaté dans nos cours d’eau et même dans des étangs. Le Sandre est très recherché par les pêcheurs pour sa chair délicate. La couleur de son corps rappelle celle de la Perche, mais en plus terne.


Deux autres poissons ont eux aussi été acclimatés dans les eaux de notre pays, mais, eux, en provenance du nord de l’Amérique. Tous deux appartiennent à la famille des Centrarchidés (le quasi équivalent des Percidés européens). Le premier, la Perche-soleil, ainsi nommée à cause de ses couleurs lumineuses, est un assez petit poisson (une dizaine de centimètres). C’est un indésirable, redoutable « pilleur de nids », acharné à dévorer les œufs et/ou les alevins des autres espèces, il est interdit de le remettre à l’eau si on le capture lors d’une partie de pêche : il est d’ailleurs très facile à « faire mordre »(terme de pêcheur), tant sa voracité l’incite à se jeter sur tout ce qui bouge !
L’autre espèce, nettement plus intéressante, le Black-bass, sorte de Perche noirâtre, comme son nom d’origine le suggère, est lui aussi un prédateur exclusif et particulièrement éclectique : souvent aux aguets près de la surface, il n’hésitera pas à sauter en l’air pour gober une libellule vingt centimètres au-dessus de l’eau. Il attaquera tout autant des petits poissons. Si le Black-bass peut atteindre dans son pays d’origine une taille de 70 à 80 centimètres, chez nous il se contente de proportions plus modestes, mais constitue néanmoins un « beau coup de ligne » selon une expression de pêcheur, d’autant que l’animal a une défense énergique une fois pris !

Nous avons en France, et plus généralement en Europe, un grand poisson prédateur de la famille des Ésocidés : le Brochet. Il rivalise de taille avec le Sandre que nous avons mentionné plus haut, mais sa gueule est encore plus impressionnante, munie de centaines de dents aiguës, dont les plus longues dépassent le centimètre lorsque l’animal est de belle taille. Véritable « Seigneur des eaux douces » ou encore « Pirate de la rivière », comme certains pêcheurs l’ont surnommé ; il lui arrive de gober des poissons de la moitié de sa propre taille ! Il est aussi capable de sauter sur un caneton ou une poule d’eau nageant à la surface d’un étang. Son corps fuselé, totalement longiligne, en fait un « sprinter » redoutable, mais ce n’est pas un « nageur de fond » : s’il rate sa proie à la première attaque, il ne la poursuivra pas, en attendant une prochaine, dissimulé parmi les plantes aquatiques, pratiquement indétectable grâce à sa livrée particulièrement mimétique dans le milieu ! Lui aussi est très apprécié des pêcheurs, mais il est recommandé d’employer une ligne terminée par une fine tresse d’acier pour éviter la rupture après avoir réussi à séduire le carnassier avec un petit poisson garnissant l’hameçon !


Le plus gigantesque poisson qui peuple actuellement nos eaux douces est sans conteste le Silure-glane : importé (malheureusement est-on tenté de dire!) d’Europe centrale voici quelques décennies,  il peuple dorénavant la totalité de nos cours d’eau, lacs et étangs. Les plus grands spécimens dépassent deux mètres de longueur pour un poids excédant largement cent kilos. Un tel monstre est capable, étant donnée la taille de sa gueule, d’avaler un poisson de plusieurs kilos. Son grand corps noir n’est pas revêtu d’écailles mais d’une peau rendue gluante à cause d’un épais mucus

On peut rencontrer dans le Rhône ou les rivières affluentes, une Truite venue d’Amérique du nord : la Truite « arc en ciel », ainsi nommée à cause de sa parure irisée. Nettement moins exigeante en matière de pureté de l’eau que sa cousine européenne la Truite fario qui ne peuple que les rivières à fort courant et à eaux très pures, elle a été introduite chez nous précisément pour cette qualité de s’accommoder d’une eau moins riche en oxygène.

Enfin, curieusement, le Rhône héberge une population importante de Muges (ou Mulets), poissons de mer qui se sont parfaitement acclimatés aux eaux douces, et qui semblent même s’y être fixés sans jamais retourner dans les eaux salées. Grâce à leur bouche cornée, ce sont des « racleurs de fond » qui se nourrissent des algues adhérant aux rochers.

Quelques rares espèces nous ont échappé, que nous n’avons pas eu la chance de rencontrer car elles sont devenues très rares, tels l’Apron, un petit Percidé qui ne doit plus survivre que dans quelques rivières à l’eau particulièrement épargnée par les multiples polluants qui accompagnent notre vie dite « moderne »!

Alain Camard avait également apporté quelques têtes naturalisées de Sandre, de Brochet, de Perche et de Black-bass. La dentition de ces poissons a aisément permis d’imaginer la nature de leur régime alimentaire!

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